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Valorisation des déchets solides : le pari audacieux de l’AJVDSGA

Nous sommes le lundi 18 août, 17 h, lorsque notre équipe se rend sur place à « Kafou Diri », à Jebo, une localité qui se situe à l’entrée sud de la ville de Jérémie. Dans une maisonnette, qui fait aussi office de mini-bar, à quelques mètres de la route nationale #7, se trouve le siège de l’Association des Jeunes pour la Valorisation des Déchets Solides dans la Grand’Anse (AJVDSGA). Ladite organisation se donne pour principale mission de valoriser les déchets solides produits par la ville.

Cela fait déjà deux ans qu’un groupe de jeunes à Jérémie s’efforce de se rendre utile en vue de protéger l’environnement. Leur idée : transformer les déchets solides en richesse. Avec peu d’expérience, sans formation, sans expertise, sans équipements ni espace adéquat, ils s’accrochent à l’idée de voir un jour leur initiative contribuer à une autre perception des détritus.

« L’idée nous est venue un 15 août 2023. Cette date est célébrée chaque année comme la Journée mondiale du lavage des mains. À l’invitation d’une ONG, nous avons pris l’initiative de collecter des bouteilles en plastique lors d’une activité qui se tenait sur la place Dumas pour marquer cette journée », nous explique Joseph Clarens, l’un des membres fondateurs de l’AJVDSGA, qui se souvient encore de cette expérience.

Depuis, ils veulent aller plus loin, à savoir transformer les déchets en matériaux utiles, capables de générer de l’argent. À en croire Jérôme Seth Clygens, l’un des initiateurs de l’association, ils ont déjà essayé. Parfois ils ont réussi, d’autres fois ils ont échoué dans leurs tentatives.

Leur méthode consiste à faire du porte-à-porte chez les résidents, à se rendre dans les festivités, les bars ou sur les sites à ciel ouvert pour collecter des déchets plastiques. Une fois collectés, ils doivent les trier pour les soumettre à une opération de broyage. Cette opération s’effectue dans une chaudière spécialement conçue de façon artisanale, où les plastiques triés sont soumis à une forte chaleur.

La chaudière artisanale utilisée par les jeunes d’AJVDSGA pour faire fondre les plastiques.

« Une fois la matière fondue, elle est insérée dans un moule en forme de cuvette, de pilier, de tôle ou de layette. Après refroidissement, le produit final est conçu », a précisé Jérôme Seth Clygens. Il admet toutefois qu’après plusieurs essais, ils ont décidé de ne conserver que les piliers. Ces derniers sont revendus 600 gourdes l’unité à des ingénieurs ou des professionnels de la construction, qui vantent leur résistance aux effets du sel de mer. Ils sont aussi appréciés pour leur légèreté, recommandée pour les constructions parasismiques.

À l’entrée du siège de l’AJVDSGA se trouve un balustre fabriqué avec des piliers conçus par les jeunes.

Le hic dans cette démarche, bien qu’animée par une intention louable de recyclage et d’initiative, c’est qu’en dépit de quelques réussites, le manque d’équipements et d’expertise risque de mettre en danger leur vie, celle de la population avoisinante et l’environnement lui-même.

« Je me rappelle nos débuts dans une chambre, avec du propane comme combustible. Nous avons failli étouffer sous l’effet des fumées de plastique. Maintenant, pour notre protection, l’opération se fait dans l’arrière-cour, à quelques mètres du siège », nous a confié Damus Wendy, l’un des 30 membres de l’association, qui compte huit jeunes femmes.

Selon l’avis de plusieurs experts contactés par la rédaction, leur créativité ne peut être encouragée sous sa forme actuelle. Il est crucial de les aider à trouver des méthodes de recyclage plus sûres et plus efficaces. Au lieu de la combustion, il faudrait les guider vers des techniques de tri, de lavage et de broyage à froid.

Il est important aussi de les intégrer dans un programme de recyclage communautaire et de les aider à développer un projet pilote en leur fournissant des équipements adaptés et sécurisés, loin des zones habitées. Il faut aussi les mettre en contact avec des ONG, des entreprises ou des programmes gouvernementaux axés sur le recyclage et la gestion des déchets, qui pourraient leur offrir un soutien financier et technique.

En effet, le désir d’initiative de ces jeunes, qui collaborent déjà avec la Mairie et HEKS/EPER, une ONG locale, est une force qu’il faut absolument canaliser de manière plus constructive. Tel est le but de cet article.

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