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Brèves de presse

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Pistes d’amélioration pour les services de l’ONA

Créé en 1967 pour garantir une pension de retraite aux travailleurs haïtiens, l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA) devait être un pilier de la sécurité sociale en Haïti. Pourtant, près de six décennies plus tard, cette institution traverse une crise profonde, marquée par des dysfonctionnements structurels, une gestion opaque et une politisation excessive qui compromettent gravement sa mission sociale.

L’ONA souffre d’un manque criant de modernisation. Sur les 14 bureaux régionaux, aucun n’est interconnecté, et la majorité des services administratifs ne sont pas informatisés. Cette absence de technologie freine la transparence, l’efficacité et l’accès aux services pour les assurés.

Les assurés rencontrent de graves obstacles pour consulter leurs comptes ou obtenir des services de base. En mai 2025, l’ONA a reconnu que l’insécurité avait paralysé son bureau central, rendant ses services inaccessibles pendant plusieurs mois. Même en temps normal, les assurés se plaignent de :

–           L’absence d’une plateforme numérique fonctionnelle ;

–           Délais excessifs pour obtenir des cartes d’assuré ou des relevés de compte ;

–           Une mauvaise gestion des dossiers, souvent introuvables ou incomplets.

Perte de contributions et mauvaise gestion des fonds

De nombreux contribuables ont vu leurs cotisations disparaître ou être mal enregistrées, les empêchant de bénéficier de leurs droits à la retraite. De plus, l’ONA a été accusée de placer l’argent des assurés dans des projets risqués ou non rentables, comme l’hôtel OASIS ou le port Lafito, dont certains ont depuis fait faillite1.

Les programmes de prêts, tels que ONA-PAM, ONA-FANM ou les crédits hypothécaires, ont été mal administrés. Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui suspendus ou ne génèrent pas les revenus attendus. Pire encore, une grande partie des créances est irrécouvrable, ce qui aggrave la situation financière de l’institution.

Un rapport de la Cour Supérieure des Comptes a révélé que des prêts ont été accordés en dehors des cadres réglementaires et que les évaluations de biens hypothécaires ont été manipulées pour permettre l’octroi de prêts excessifs, souvent non remboursés2.

Une politisation nuisible

L’ONA est devenue un terrain de manœuvres partisanes. Les nominations politiques, les conflits internes entre directeurs généraux et les influences extérieures ont paralysé l’institution. Les décisions y sont souvent dictées par des intérêts personnels ou politiques, au détriment de la mission sociale de l’ONA.

Des tentatives de redressement, mais un long chemin à parcourir

Le nouveau directeur général, Ronald Bazile, a lancé plusieurs réformes : audits internes et externes, mise en place d’un plan de carrière pour les employés, distribution de cartes d’assurance et enquêtes sur les prêts hypothécaires. Ces efforts sont louables, mais insuffisants pour combler les failles profondes du système et restaurer la crédibilité et l’efficacité de l’ONA.

En effet, pour remplir efficacement sa mission, l’ONA devra impérativement :

1.  Informatiser et centraliser ses données afin de permettre aux contribuables de vérifier leur état de compte à tout moment, depuis n’importe quel bureau de l’ONA ou via une plateforme en ligne.

2.  Faciliter l’accès aux services pour tous les bénéficiaires sur l’ensemble du territoire.

3.  Simplifier les procédures d’accès à la pension. Alors que la contribution est obligatoire, l’accès aux prestations est un processus trop souvent complexe et coûteux pour les assurés.

4.  Restructurer et encadrer le service de prêts hypothécaires pour mieux sécuriser l’argent des contribuables.

5.  Instituer un processus de recrutement fondé sur le mérite académique et professionnel afin de dépolitiser l’institution.

En définitive, l’ONA est aujourd’hui une institution en crise, incapable de répondre efficacement à sa mission de protection sociale. L’écart entre les cotisations versées et les droits obtenus, les difficultés d’accès aux services et la mauvaise gestion des fonds mettent en péril la confiance des citoyens. Une réforme structurelle, accompagnée d’une transparence totale et d’une modernisation technologique, est indispensable pour sauver cette institution vitale.

  1. iciHaiti : Reprise graduelle des activités de l’ONA
  2. AyiboPoste: l’ONA prête mal et place incorrectement l’Argent des contribuables.

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