Affaire Cadafy Noël : La justice jérémienne sous le feu des critiques

L’arrestation du jeune journaliste citoyen et entrepreneur John Cadafy Noël à Jérémie est bien plus qu’un simple fait divers. Elle est le symbole tragique d’un système judiciaire défaillant, devenu l’ombre de lui-même ; un système où la loi n’est plus un instrument de justice, mais une arme entre les mains des puissants.

Cadafy, un homme qui consacre son énergie à promouvoir la culture, le tourisme et la fierté de sa ville natale, se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux pour des motifs flous, privé d’un procès digne de ce nom. Son crime ? Avoir osé.

Comment un État peut-il se prétendre démocratique lorsque la liberté individuelle y agonise chaque jour ? L’arbitraire est devenu une méthode de dissuasion, et la peur, une loi. Le cas de John Cadafy Noël, fondateur de « Découvrir la Grand’Anse », expose au grand jour un système où les droits les plus fondamentaux ne sont plus garantis. Aucune procédure transparente, aucun respect pour la dignité humaine. Ce n’est plus la justice, c’est une vengeance institutionnalisée.

Pendant que des criminels notoires, des trafiquants et des corrompus dorment paisiblement dans leurs villas, on enchaîne un jeune rêveur. On lui reproche un impair, certes, mais surtout d’avoir pris l’habitude de dénoncer et de mettre en lumière des acteurs des conflits terriens sur les réseaux sociaux. Oui, son comportement au temple de Thémis fut inacceptable. Mais après le théâtre de ce mercredi, peut-on encore décemment parler de « justice » à Jérémie ?

Lors d’une audience mercredi dernier, le magistrat présidant la séance a offert le spectacle d’une démission accablante. Il a quitté la salle en catimini, sans même statuer sur le sort d’un homme assis sur le banc des accusés, privé de liberté depuis près de trois mois.

Pour défendre ce geste, certains avancent que l’ordonnance de renvoi manquait de clarté, ne précisant pas si l’affaire relevait du tribunal criminel ou correctionnel. Pourtant, la conclusion du document était sans équivoque : l’accusé était renvoyé devant le tribunal correctionnel. Cette dérobade aurait donc été, pour le juge, le seul moyen d’échapper à un piège tendu par le magistrat instructeur. Mais qu’en est-il de l’urgence de statuer sur la liberté d’un homme ?

Mobilisation pour John Cadafy Noël : une affiche réclamant sa libération devient virale

« L’homme n’est homme que par sa liberté… », nous rappelait Voltaire.

Pendant ce temps, Jérémie s’enfonce dans un silence coupable. La justice y est devenue la risée de tous. Partout, la colère gronde : dans les rues, sur les réseaux sociaux, au sein de la diaspora. Des voix s’élèvent, des consciences s’éveillent. Car ce n’est pas seulement John Cadafy Noël que l’on a arrêté ; c’est la liberté de tout un peuple que l’on emprisonne. Chaque jour que Cadafy passe en prison est un coup mortel porté à l’institution « Découvrir la Grand’Anse », un héritage qui est le nôtre.

Oui, li pa gen dwa fè sa li te fè a. Men, li mande padon. Oui, li aksepte fòt li. Men poukisa yo kenbe l nan prizon depi 3 mwa san li poko janm ka konnen ki kote li gad ? Dans cette affaire, même les experts et les « pics de la Mirandole » du droit à Jérémie semblent tourner autour du pot, incapables ou peu désireux de nommer l’injustice.

Soyons clairs : Jérémie mérite mieux qu’un simulacre de justice. Elle a droit à la vérité, à la transparence et à la dignité. Tant que des citoyens seront menacés pour avoir osé s’exprimer, aucune paix, aucune cohésion sociale ne sera possible.

Faut-il donc se résigner à cette parodie de justice où la victoire n’appartient qu’aux puissants ? Devons-nous assister, impuissants, au silence des juges et au sacrifice de nos journalistes sur l’autel de la vérité ? Et le peuple haïtien, quelle autre destinée lui offre-t-on que celle de subir l’humiliation d’un État qui le méprise ?

Et surtout… Le courage a-t-il déserté ce pays au point que la vérité reste sans défenseurs ? Devons-nous alors faire le deuil de cette Haïti de liberté et de dignité dont nous rêvions ? Qui sera le prochain John Cadafy Noël ?

Tant que Cadafy sera privé de sa liberté, c’est nous tous qui resterons enchaînés.

One Comment

  1. Ce qui se passe dans la ville de Jérémie en matière de justice est inacceptable et injuste. C’est criminel et un crachat flagrant sur les droits humains, ce n’est vraiment pas normal.
    Oui, nous condamnons ce qu’il a fait. Mais le fait de l’avoir gardé pendant trois mois sans jugement ni décision est tout aussi inadmissible.

    Je comprends maintenant que la corruption, c’est aussi cela : un manque de compétence criant qui nous fait souffrir autant. Jérémie, la cité des poètes, souffre de cette incompétence !
    Comment peut-on présider une séance sans pouvoir prendre de décision ?
    C’est révoltant, ça donne une mauvaise image, et surtout, cela montre que les droits humains ne sont absolument pas respectés.

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