Lancement officiel des activités du 30e anniversaire de l’ESCDROJ

Coïncidant avec la Journée internationale des droits de l’homme, le mercredi 10 décembre 2025, en présence du corps professoral, du personnel administratif, des étudiants et des membres de la société civile, le Révérend Père Jomanas Eustache a lancé la série d’activités marquant le 30e anniversaire de l’École Supérieure Catholique de Droit de Jérémie (ESCDROJ).

Le décor était planté. À 18 h 30, le maître de cérémonie, Dr Yvon Janvier, après la prière et la cantonation de la Dessalinienne, a invité le Dr Jomanas Eustache à ouvrir officiellement la célébration du trentenaire. Avec sa fine élégance, le doyen a choisi de céder sa place à l’invité spécial de la soirée, le Dr Johel Dominique, ancien de l’École et aujourd’hui fonctionnaire international à Genève.

Dès le début de son intervention via Zoom, le Dr Dominique a tenu à rappeler à l’assistance qu’il fait partie intégrante de cette œuvre, faisant référence à l’initiative prise par Mgr Willy Romélus de mettre sur pied une école de droit à Jérémie. Il a ensuite retracé son parcours professionnel, de l’ESCDROJ à Genève. « Comme si c’était hier », a-t-il déclaré en décrivant ses quatre années passées comme étudiant en droit, marquées par la rigueur et l’éthique du devoir.

Pour ce fonctionnaire du service des pétitions du Haut-Commissariat pour les réfugiés, le souci actuel est de faire le triste constat d’une crise des valeurs démocratiques, de l’État de droit et des droits de l’homme en Haïti. Pourtant, d’après lui, le droit est une manière d’être : le respect de la parole donnée, des normes, le courage et la persévérance. En ce sens, il rappelle qu’Haïti n’a pas ratifié le Protocole facultatif au PIDCP, qui permettrait aux citoyens haïtiens de porter plainte contre l’État lorsque celui-ci ne respecte pas les conventions internationales.

Vue partielle de l’assistance lors de l’intervention du Dr Johel Dominique.

L’ancien responsable des affaires académiques de l’ESCDROJ a soulevé plusieurs interrogations face à l’auditoire : « Où en est-on en Haïti avec le procès équitable ou le respect des droits des personnes indexées par la justice ? Comment situer la question des réseaux sociaux ou la dictature de l’opinion en ligne par rapport à la compétence du juge ? ». Il a enfin partagé son inquiétude concernant le nouveau Code pénal, dont vraisemblablement personne ne détient une copie conforme du projet.

« Soyez solitaires dans vos rêves. Luttez contre votre environnement pour lire et lire encore. Il faut aussi s’ouvrir par la langue ». Tel a été le dernier conseil prodigué par l’ancien juge d’instruction avant la séance de questions et ses adieux provisoires au public.

De son côté, Rose Shedleine Jutaïna, étudiante finissante et membre du comité organisateur, a voulu témoigner de la manière dont la formation de l’ESCDROJ l’a transformée en une citoyenne engagée et responsable. En même temps, selon elle, le cursus lui a fait comprendre l’importance de la dignité humaine et du respect de l’autre. Elle affirme que son École continue d’éclairer la communauté par le savoir, de la guider par la foi et de l’engager au nom du droit.

Le doyen de l’ESCDROJ, le Révérend Dr Jomanas Eustache, a remercié le Seigneur pour les 30 ans de cette œuvre qui a su s’imposer parmi les institutions dispensant une formation supérieure de qualité en Haïti. Il admet toutefois que l’âge adulte charrie son lot de bons et de mauvais côtés. Il a ensuite salué la mémoire de Mgr Willy Romélus, qu’il décrit comme un véritable zoon politikon (animal politique) par son dévouement à mettre sur pied une école de droit devenue aujourd’hui un patrimoine pour tout le département de la Grand’Anse.

30 ans ESCDROJ | Discours du Doyen Rév. Jomanas Eustache (Lancement des activités)

Il décrit cette épopée, née en décembre 1995, comme une aventure audacieuse, lancée alors qu’il revenait fraîchement de ses études doctorales, suite à la fermeture volontaire de l’école de droit libre de Jérémie causée par les promesses non tenues des autorités de Port-au-Prince.

« Si l’on devait faire le bilan de nos réalisations, nous ne mériterions pas seulement des fleurs. Nous devons corriger conjointement les faiblesses en vue d’une perspective, a-t-il affirmé, tout en conseillant aux juristes et étudiants de pratiquer une justice légale et morale, et de faire preuve de compassion. « Rendez à chacun ce qui lui est dû. Vous devez cristalliser l’État de droit en vue d’une distribution saine de la justice ». Il a profité de l’occasion pour encourager les jeunes à « se jeter à l’eau sans boussole ni carte marine », comme lui et le très regretté Mgr Willy Romélus l’ont fait il y a 30 ans pour concrétiser une idée devenue patrimoine.

Pour rappel, la première promotion de cette institution comptait 54 étudiants, dont 35 ont bouclé le cursus. Au cours des 30 dernières années, l’ESCDROJ a formé près de 4 500 étudiants ; 120 d’entre eux ont présenté leur mémoire de sortie. « Parce qu’ils ont osé ! » s’est-il exclamé pour motiver les étudiants présents dans l’auditoire.

Enfin, pour clôturer l’ensemble des activités des 30 ans de l’École Supérieure Catholique de Droit de Jérémie, le grand public remplira la nef du Sanctuaire de la Médaille Miraculeuse de Jérémie le samedi 27 décembre, pour participer à la cérémonie de collation de diplômes de la 27ème promotion sortante. Dénommée « Promotion Mgr Willy Romélus » en l’honneur du fondateur et évêque émérite de Jérémie, la cérémonie se déroulera en présence de Mgr Joseph Gontrand Décoste.

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