Sous les projecteurs du stade Nacional Chelato Uclés, les Grenadiers se sont lourdement inclinés face au Honduras (3-0), hier soir, lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. C’est un coup d’arrêt brutal pour une sélection qui espérait confirmer sa montée en puissance sur la scène régionale.
Le match n’a laissé aucun répit à la défense haïtienne. Dès les premières minutes, le Honduras a imposé son rythme, exploitant chaque espace laissé entre les lignes. Un premier but rapide a semé le doute, puis un second, conséquence d’une mauvaise relance du gardien Johny Placide, a mis Haïti au pied du mur. Avant même la pause, Romell Quioto a scellé le sort du match sur une nouvelle erreur défensive.
Malgré une meilleure maîtrise en seconde période, les Grenadiers n’ont jamais trouvé la faille. Les rares occasions obtenues par Pierrot et Antoine n’ont pas suffi à inverser la tendance. « Nous avons manqué de concentration et de coordination dans les moments clés », a reconnu le sélectionneur haïtien en conférence de presse. « Ces matchs se jouent sur des détails, et nous les avons payés cash », a-t-il regretté.
Ce revers met en lumière plusieurs carences : Une défense friable sur les transitions rapides. Un manque de créativité offensive, l’équipe se contentant trop souvent de longs ballons. Et enfin, une fragilité mentale après avoir concédé un but.

Les Grenadiers devront impérativement resserrer les rangs avant les prochains rendez-vous face au Nicaragua et au Costa Rica. Une victoire dans chacun de ces matchs est désormais indispensable pour espérer rester en course.
Sur le plan mathématique, tout reste possible, mais la marge d’erreur est désormais réduite à néant. Après cette défaite, nos Grenadiers devront remporter l’ensemble de leurs prochains matchs et espérer un faux pas du Honduras pour conserver une chance de se qualifier au prochain tour.
Les statistiques donnent aujourd’hui à Haïti moins de 20 % de probabilité de qualification directe. Pour renverser la tendance, il faudra un véritable sursaut collectif, mais aussi un travail tactique en profondeur. Ce match doit servir de rappel : le talent individuel ne suffit plus à ce niveau. La rigueur tactique, la gestion de la pression et la discipline défensive feront la différence. Nos Grenadiers devront apprendre à jouer ensemble, pas seulement avec le cœur, mais avec une stratégie claire et adaptable.
Les erreurs de communication et de marquage qui ont offert des buts faciles au Honduras ne doivent plus se reproduire. Haïti a le potentiel, mais il faut désormais une équipe structurée, préparée et mentalement solide.
Difficile de ne pas évoquer, à chaque éliminatoire, la légendaire épopée de 1974, lorsque la sélection avait conquis le monde en se qualifiant pour la Coupe du Monde en Allemagne. À l’époque, le but d’Emmanuel “Manno” Sanon contre l’Italie avait fait trembler la planète football et mis fin à 1 142 minutes d’invincibilité du gardien Dino Zoff. Dans tout le pays, la joie était indescriptible : des cortèges, des drapeaux, des chants, une fierté nationale immense.

C’était bien plus qu’un exploit sportif ; c’était une affirmation de dignité et d’unité pour tout un peuple. Depuis, chaque génération rêve de revivre ce moment. Chaque but des Grenadiers porte encore l’écho de 1974. Ou pa ta renmen viv moman sa tou ?
La défaite face au Honduras est une déception, mais elle ne doit pas éteindre la flamme. Les joueurs savent que chaque match à venir comptera double. Le talent est là, l’envie aussi ; il faut maintenant de la discipline, de la régularité et du courage.
Le football haïtien a toujours été une affaire de résilience et si cette génération parvient à transformer ses erreurs en leçons, le rêve d’un retour en Coupe du Monde pourrait, un jour, redevenir réalité.
Prochain rendez-vous : Haïti – Nicaragua, un match déjà décisif. Le peuple y croit encore parce que, comme toujours, en Haïti… rien n’est impossible pour nos Grenadiers.
Nou se pèp ki pa janm bay legen. Grenadye alaso, sa ki mouri zafè yo !