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Grand’Anse : un territoire d’opportunités qui appelle ses filles et ses fils

La Grand’Anse est un paradoxe. C’est une terre d’une abondance presque insolente : des terres fertiles, une mer généreuse, une culture vibrante et une jeunesse pleine de promesses. Pourtant, son potentiel socio-économique reste largement inexploité. Comme le soulignait souvent l’économiste haïtien Fritz Deshommes, « le développement d’Haïti passera nécessairement par une décentralisation forte et une valorisation des potentiels endogènes de ses régions » (Deshommes, 2018). L’État central, souvent absent et aux ressources limitées, ne sera pas le principal architecte de cette renaissance. C’est à nous, filles et fils de la Grand’Anse, de la diaspora comme du territoire, d’écrire le prochain chapitre de notre histoire. Cet article se veut une feuille de route pragmatique, un appel à l’action fondé sur nos atouts et une gouvernance renouvelée.

1) Un capital triple : la richesse méconnue de la Grand’Anse

Notre force réside dans trois capitaux sous-évalués :

  • Capital Naturel : Notre sol est propice à une agriculture de qualité. Le cacao de la Grand’Anse est déjà reconnu par des chocolatiers artisans pour ses notes fruitées. Le café, le gingembre, la banane plantain et les fruits tropicaux représentent une manne inexploitée. Notre littoral, poissonneux, est idéal pour une pêche artisanale durable et l’aquaculture. Enfin, notre ensoleillement est un atout énergétique majeur, comme le confirment les études de l’Agence Internationale de l’Énergie Renouvelable (IRENA), qui plaident pour les micro-réseaux solaires comme solution incontournable pour l’électrification rurale.
  • Capital Humain : Nous avons notre jeunesse, résiliente et avide d’apprendre, et notre diaspora, une « réserve stratégique de compétences » selon la Banque Mondiale. Des centaines de professionnels formés aux meilleures universités et travaillant dans la finance, la santé, l’ingénierie et les technologies à travers le monde sont prêts à s’engager. Le défi est de canaliser cette expertise vers des projets concrets.
  • Capital Culturel et Touristique : Au-delà de la mythique Cathédrale de Jérémie, nous avons un patrimoine immatériel riche : contes, musique, et une gastronomie unique. Ce potentiel est parfait pour un tourisme responsable, axé sur l’écotourisme et l’immersion culturelle, un secteur en croissance mondiale.

2) Secteurs à fort impact : où concentrer nos efforts

La transformation passera par des investissements ciblés dans des secteurs à fort effet de levier.

Agriculture & Agro-transformation : Il s’agit de créer de la valeur localement. Au lieu d’exporter des fèves de cacao brutes à faible prix, il faut maîtriser la fermentation et le séchage pour viser le marché du « premium ». La torréfaction du café, la production de confitures, de farines de tubercules et d’huiles essentielles peuvent générer des revenus bien supérieurs. Des modèles comme ceux de la coopérative « Café Femenino » au Pérou montrent comment une gouvernance inclusive et une certification qualité peuvent transformer une communauté. Sans oublier l’Artocarpus altilis, plus connu sous le nom de « lam veritab », qui se décline en chips, farine sans gluten, purées, confitures et boissons fermentées. Des coopératives bien gérées et des normes de qualité stables peuvent ouvrir l’accès aux marchés premium.

Énergie Renouvelable : L’accès à une énergie fiable est le socle de tout développement économique. Des micro-réseaux solaires pour alimenter les marchés, les centres de santé et les écoles sont une première étape cruciale. Des entreprises sociales comme « EarthSpark International » ont déjà démontré la faisabilité technique et économique de tels modèles en Haïti.

Santé & Éducation : Un partenariat public-privé-communautaire pourrait permettre la création d’un pôle de santé offrant des services essentiels (imagerie basique, maternité, urgences) couplé à de la télémédecine pour connecter les patients à des spécialistes de la diaspora. Parallèlement, créer des écoles professionnelles courtes pour former des techniciens en énergie solaire, en gestion qualité ou en secrétariat médical répond directement aux besoins du marché.

Tourisme Responsable : La restauration du patrimoine bâti (comme le projet de la Cathédrale), le développement de maisons d’hôtes authentiques et la création de circuits culturels gastronomiques peuvent attirer un tourisme exigeant et générateur de revenus directs pour les communautés.

3) Un nouveau pacte : comment la diaspora peut s’engager concrètement

L’engagement ne doit plus se limiter aux envois de fonds individuels. Il doit devenir collectif, structuré et transparent.

  • Le Fonds Diaspora Grand’Anse (FDGA) : Inspiré de modèles comme le « Diaspora Direct Investment Fund » évoqué par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), ce fonds d’investissement permettrait de pooler l’épargne de la diaspora pour financer des PME locales dans l’agro-transformation, l’énergie ou la santé. Sa gouvernance serait mixte (diaspora/acteurs locaux) pour garantir une juste représentation.
  • Transfert de Compétences Structuré : Au-delà de l’argent, le savoir-faire est notre atout le plus précieux. Nous pouvons mettre en place des programmes de mentorat trimestriels en ligne, des « vacances solidaires » où des experts reviennent pour des formations intensives, et du coaching continu pour les entrepreneurs locaux.
  • Plateforme « One-Stop Desk » : Pour briser la bureaucratie, un guichet unique virtuel et physique doit accompagner les membres de la diaspora dans leurs démarches (création d’entreprise, obtention de permis, mise en relation avec des partenaires locaux fiables).

4) Feuille de route et gouvernance : la clé de la confiance

Un plan sans redevabilité est voué à l’échec. Nous proposons une gouvernance axée sur la transparence absolue :

  • Conseil de Surveillance Citoyen incluant des représentants de la société civile, des coopératives et de la diaspora pour valider les priorités et surveiller l’exécution.
  • Reporting Public Trimestriel avec des indicateurs financiers et d’impact social (nombre d’emplois créés, nombre de patients soignés, heures d’électricité fournies).
  • Audits Indépendants Annuels pour garantir l’intégrité des fonds.

Appel à l’action

Le temps des discours est révolu. Celui de l’action collective est venu. Chacun d’entre nous, où que nous soyons, peut apporter sa pierre à l’édifice. Investir ne serait-ce que 1% de son épargne dans le FDGA. Consacrer 10 heures par mois au mentorat d’un jeune entrepreneur. Parrainer une bourse de formation. Ouvrir un débouché commercial pour un produit de la Grand’Anse.

En tant que financier et enfant de Jérémie, je m’engage personnellement à œuvrer à la structuration de ce fonds, à en garantir la transparence et à mobiliser nos réseaux. La Grand’Anse n’a pas besoin de charité. Elle a besoin de partenaires stratégiques, de fils et de filles qui croient en elle et qui sont prêts à investir, non seulement leur argent, mais aussi leur temps et leur expertise. Notre richesse est là. Il ne tient qu’à nous de la révéler au monde.

Références :

  • Deshommes, F. (2018). Économie haïtienne : La dépendance ou la dépendance. Éditions de l’Université d’État d’Haïti.
  • International Renewable Energy Agency (IRENA). (2020). Innovation Outlook: Renewable Mini-Grids.
  • Banque Mondiale. (2019). Migration et Développement : Le rôle de la diaspora.
  • CRDI. (2017). Diaspora Direct Investment: Catalyst for Sustainable Development.

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