En pleine crise environnementale, Haïti trouve dans le charbon écologique une lueur d’espoir face à la déforestation galopante. Volcy Josué, environnementaliste au service hydrogéologie de l’INARHY, et Parollo, jeune agronome de la Grand’Anse engagé dans une initiative innovante, nous partagent leur vision et leurs actions pour un pays plus vert.
En Haïti, le charbon de bois demeure la principale source d’énergie domestique, malgré ses effets destructeurs sur l’environnement. Chaque année, des milliers d’hectares de forêts disparaissent, accentuant l’érosion, la sécheresse et la vulnérabilité des populations. Mais une alternative émerge : le charbon écologique.
« Sans couverture forestière, nos rivières s’assèchent et nos sols s’érodent. C’est tout un équilibre écologique qui s’effondre », alerte Volcy Josué, environnementaliste et spécialiste en sciences forestières à l’Institut National des Ressources Hydriques (INARHY). Pour lui, si la situation est critique, elle n’est pas irréversible.
Près de 80 % des ménages haïtiens dépendent encore du charbon de bois. Le gaz propane, plus propre, reste trop coûteux et difficilement accessible dans les zones rurales. Cette dépendance entretient un cercle vicieux de pauvreté et de déforestation. Pourtant, des solutions existent : les briquettes de charbon écologique.
Issues de résidus agricoles comme la sciure, les coques de café, la bagasse de canne à sucre ou les tiges de bananiers, ces briquettes recyclent des déchets abondants tout en réduisant la pression sur les forêts. « Promouvoir le charbon écologique, c’est protéger les arbres, valoriser les ressources locales et offrir une énergie plus durable aux familles », souligne Josué.
Dans la Grand’Anse, un jeune agronome, Parollo Laurent, met déjà cette vision en pratique. Il a lancé une entréprise qui transforme les déchets agricoles en charbon écologique. Ses briquettes, plus durables et moins polluantes, séduisent peu à peu les habitants. « Les gens sont curieux et certains commencent à l’adopter, mais il faut plus de sensibilisation et surtout du soutien », explique-t-il.

Son initiative illustre le potentiel d’un modèle énergétique plus vert, à condition qu’il soit accompagné. Les experts plaident pour un rôle accru de l’État : subventions, équipements adaptés, intégration du charbon écologique dans les politiques énergétiques. Une telle reconnaissance permettrait de donner à des projets comme celui de Parollo la portée nécessaire pour répondre à l’échelle nationale.
La sensibilisation est un autre levier clé. Changer les habitudes des familles, profondément ancrées dans l’usage du charbon traditionnel, demande du temps, mais aussi une communication ciblée et accessible. « Il faut expliquer que l’alternative existe, qu’elle est fiable et qu’elle leur permettra de protéger leur avenir », insiste Josué.
Au-delà de l’impact environnemental, le charbon écologique ouvre aussi des perspectives économiques. La collecte, la transformation et la distribution des briquettes génèrent des emplois locaux, en particulier pour les jeunes ruraux. Dans un contexte où beaucoup sont contraints de migrer faute de perspectives, cette filière pourrait offrir des revenus durables et renforcer l’autonomie des communautés.
L’histoire d’Haïti est liée au charbon de bois. Mais les efforts conjoints d’experts comme Volcy Josué et de jeunes innovateurs comme Parollo montrent qu’un autre chemin est possible. Le pays n’est pas condamné à l’épuisement de ses ressources. Avec des politiques publiques adaptées, un appui aux initiatives locales et une mobilisation citoyenne, la transition vers une énergie plus durable est à portée de main.
Le charbon écologique n’est pas qu’une technique: c’est une promesse d’avenir, à la fois pour l’environnement et pour la dignité des Haïtiens.