À environ 47 kilomètres de Jérémie, dans la commune de Dame-Marie, l’initiative d’un groupe de jeunes universitaires et professionnels résonne. Il s’agit de « Inivèsite Lari » (Université de la Rue), une activité qui se déroule à ciel ouvert dans le but de mieux former et informer la population sur des sujets d’actualité ou de société. Explicite NET a rencontré l’un des initiateurs et des bénéficiaires.
La genèse d’une idée novatrice
Le 15 mai 2024 a marqué la naissance de ce mouvement citoyen. Sept jeunes universitaires de Dame-Marie, dont une femme, ont décidé, à travers une organisation impartiale et apolitique, de miser sur l’enrichissement de la culture générale de la population.
Aujourd’hui, avec plus de 200 bénévoles et sans aucun financement externe, ils ont osé ce que personne n’avait envisagé auparavant : créer une proximité pour discuter avec toutes les couches de la population et assurer leur formation dans divers domaines. « Nous espérons aller à la rencontre de la population dans toutes les sections communales », explique Vaneça Livette, l’unique femme du groupe. Fervente défenseure des droits humains, elle joue un rôle clé dans la sensibilisation aux enjeux critiques qui touchent la communauté de Dame-Marie.
Place aux débats libres
« L’idée est de stimuler l’esprit critique de la population à travers des discussions larges et ouvertes », a expliqué l’ingénieur Michel Max Walensee, coordonnateur de l’association. Sur les places ou dans d’autres lieux publics, écoliers, étudiants, universitaires, professionnels et membres de la population se donnent rendez-vous pour débattre de sujets variés. Ces thèmes, le plus souvent, concernent le quotidien des habitants, les droits humains, la littérature, la citoyenneté numérique, la politique, etc.

Les pionniers d’« Inivèsite Lari » affirment que l’initiative vise une formation continue des participants afin de former des leaders et des entrepreneurs capables de conduire Haïti vers un avenir plus juste et prospère. « Nous croyons fermement que c’est par une éducation rigoureuse que nous pouvons réaliser cet objectif », assure Max Walensee.
Des bénéficiaires témoignent
L’une des activités les plus récentes organisées par le staff d’« Inivèsite Lari » a été le festival « Carnaval du Livre », qui s’est tenu le 29 février 2025. Coïncidant avec la semaine de la mort du « père des lettres haïtiennes », Frank Étienne, le public en a profité pour rendre un hommage vibrant à l’écrivain, peintre, acteur et musicien de renom, décédé le 20 février.
« Au cours de cette journée, nous avons exploré ensemble l’univers littéraire du regretté Frank Étienne. J’ai beaucoup aimé les découvertes littéraires, les discussions passionnantes et les échanges sur la richesse de la culture haïtienne », se réjouit Apollon Kendjy, un élève de NS4, l’un des participants.

De son côté, les rencontres, les lectures et les partages d’idées ont laissé un souvenir mémorable à Wenchell Duret, également une élève de NS4.
À un moment où les taux d’illettrisme et d’échec des jeunes bacheliers ne cessent de grimper, triste de constater le manque criant de culture générale chez nos jeunes. D’où la nécessité d’encourager et de mettre en lumière ce genre d’initiatives citoyennes. Peut-être qu’un jour « Inivèsite Lari » parviendra à sensibiliser les acteurs éducatifs et les convaincre de l’importance de mettre l’accent sur des programmes qui permettront à des centaines de milliers d’Haïtiens d’apprendre à lire et à écrire, comme l’a fait Fidel Castro à Cuba en 1960 avec sa campagne d’alphabétisation.
Longue vie au staff et à leur créativité !